« Loin des
yeux,
mais près
du cœur »
Une discussion
de l'identité franco-américaine
Par Katie Lazdowski,
Colby College, Waterville, ME
(The other thing I
failed to mention is the fact that there are pictures that are included
in my paper. These will obviously not be able to be displayed on the web,
but I thought I would let you know. Thank you, and please let me know if
you need anything else. -Katie)
INTRODUCTION
Je vous invite à penser à votre propre
identité. Comment est-ce que vous vous définissez ?
Pensez encore. . . qu'est-ce que c'est l'identité ? L'identité
est la définition que nous nous donnons, et même celle que
notre société nous assigne. J'imagine que les mots que vous
choisissez pour vous décrire sont ceux qui décrivent les
caractéristiques positives ; ceux que vous n'avez pas honte à
dire en les attachant à vous-même.
Je fais un travail au sujet de l'identité, celle
des gens franco-américains. En faisant mes interviews, j'ai noté
que les histoires qu'on a choisi de partager avec moi réfléchissent
la façon dont ces personnes veulent être définies.
On fait attention en choisissant ses histoires ; on raconte quelques-unes
pour ces raisons, mais on cache quelques autres pour d'autres causes.
Faire des interviews est comme un petit jeu. J'ai écouté
les histoires qu'on me racontait, mais en même temps, j'ai noté
les détails qu'on n'incluait pas. Dans sa propre histoire, Wednesday's
Child, Rhéa Côté Robbins a dit ceci à propos
de ses histoires qu'elle partage avec ses lecteurs, « am I willing
to give more weight to the dark side of the story rather than the good
side of the story- although the dark is as necessary as the light. It is
my fears which interfere. Because in each story is the light and the dark.
The evil and the good. » Alors, ce n'est pas toujours les histoires
dites par ces gens qui nous concernent, mais celles qu'ils cachent, celles
qui nous donnent une image de l'identité qu'ils veulent cacher.
Pourquoi veulent-ils la cacher ? Pourquoi est-ce que vous vous êtes
définis vous-même de la façon dont vous l'avez fait
? Peut-être vous avez vos propres identités que vous voudriez
cacher.
Quoique je commence mon travail avec une certaine perplexité
quant à la question de l'identité, le but de mon travail
est plutôt de découvrir l'identité des Franco-Américains
dans le Maine, et comment ils considèrent leurs racines. Quoique
ma recherche m'ait amenée au-dehors des murs de Colby College, je
n'ai pas voyagé très loin. J'ai réalisé qu'il
y a une grande population Franco-Américaine à Waterville,
donc, j'ai fait la plupart de mon étude ici. J'ai aussi voyagé
à Farmington pour parler avec une femme qui y habite, et j'ai visité
Chisholm, sa ville natale. Mais je continue à questionner. Par exemple,
je suis en quatrième année ici à Colby, et même
je me spécialise en français, mais j'ai juste découvert
ce semestre l'existence des endroits à Waterville comme Water Street
: là où il y avait une grande population de Franco-Américains.
Je pense qu'il y a deux grandes raisons qui expliquent pourquoi je n'ai
rien su de l'existence franco-américaine jusqu'à ce semestre.
La première raison devrait évidente en
répondant à la question, « quelles institutions servent
ces gens aujourd'hui ? » C'est-à-dire, quelles institutions
servent à définir ces gens ? Dans l'histoire, les institutions
sociales pourvoyaient ces gens des endroits où ils se réunissaient.
Dans les écoles paroissiales, à l'église catholique,
même en parlant leur langue, ils avaient l'opportunité de
s'identifier avec d'autres comme eux, et ce faisant, ils se définissaient.
Beaucoup de choses ont changé pendant les années et l'existence
des écoles paroissiales et l'emploi de la langue française
a diminué avec le temps. L'église même ne joue plus
un grand rôle parmi les jeunes comme elle a fait pour les générations
du passé. Pendant les années soixante « Urban Renewal,
» la rénovation urbaine, a changé la face de Waterville.
Par conséquent, la structure de la ville a changé, et pour
les gens qui habitaient à Water Street, ils ont vu la destruction
de leur quartier de la ville, mais pas la reconstruction. Ils ont perdu
des bâtiments où une fois, il y avait de réunions sociales
des Franco-américains. Quoique ces gens aient une identité,
la société dominante n'a pas aidé leur présence.
La deuxième raison qui explique l'invisibilité
e la communauté franco-américaine est une question de pouvoir,
qu'il fait examiner à laquelle on doit répondre. La présence
des Franco-Américains dans le Maine est énorme, mais
ce sont les gens pas vraiment reconnus. Quoique ces gens soient forts,
comme leur histoire nous l'a démontré, ils manquent de pouvoir
politique. Est-ce que ces gens ont honte de dire qu'ils sont Franco-Américains,
ou est-ce qu'ils sont fiers de l'être ? Si la réponse à
cette question est « oui, » pourquoi ? Même si la réponse
est « non », je veux savoir pourquoi pas. Comment est-ce
que notre société hégémonique les regardent
? Est-ce que ces gens sont affectés par l'idée que leur image
dans la société comme Franco-américains ne tient pas
un image de pouvoir ?
Le challenge défi pour les Franco-Américains,
donc, est de protéger leur identité, même de la créer
sans l'aide des institutions sociales et de la société, et
sans une voix politiquement puissante. Comment peut-on faire ? C'est encore
la question du pouvoir. J'ai trouvé que ces gens sont en train d'obtenir
leur propre voix. Leurs histoires orales que j'ai apprises par les interviews
m'ont montré que leur identité n'est pas quelque chose qu'ils
vont laisser tomber. Ces gens sont passionnément attachés
à leurs racines.
Mon but original était d'étudier le rôle
des institutions sociales qui servent à protéger l'identité.
Pendant mes semaines de recherche, je suis tombée amoureuse de ce
sujet, de ces gens : « ces trésors cachés, »
et de leur identité. J'ai découvert que la meilleure façon
de recréer leur identité est d'entendre leurs voix. Je peux
bien expliquer le rôle que les institutions jouent en protégeant
les Franco-Américains, mais ça ne donne rien. Il faut les
entendre, écouter leurs histoires, faire la connaissance de ces
gens. En écrivant ce travail, je pourvois un texte, un miroir dans
lequel ces gens peuvent se voir eux-mêmes. Quoique ce texte soit
écrit par une étrangère, (quelqu'un comme moi-même)
qui n'est pas franco-américaine, j'espère que ma propre voix
reste silencieuse et que les voix des gens avec qui j'ai parlé,
ceux qui j'ai observés, les gens pour qui j'écris, sont entendues.
Les écoles, les églises ont donné à ces gens
un contexte pour se réunir et s'identifier à leurs semblables.
Comme on va le voir, ces institutions ne servent plus le but qu'elles avaient
autrefois, le mot écrit, alors, est très important. En faisant
mes recherches, j'ai noté qu'il y a plein de sources au sujet de
l'identité franco-américaine. Mais les informations dans
ces textes sont les mêmes pour la plupart. Ce qui manque dans ces
textes c'est les voix des gens. Ces textes sont à propos des Franco-Américains,
mais ils ne montrent pas les sentiments des Franco-Américains. Ceux
où les voix des Franco-Américains sont bien entendues racontent
des contes personnels comme Wednesday's Child, ou ils sont les romans par
des Franco-Américains comme David Plante, l'auteur de The Family
ou The Foreigner, Jacques Kerouac, et d'autres encore . Comme vous
allez le voir dans la prochaine section, un de mes buts en écrivant
cette úuvre est de capturer les identités, les vrais exemples des
gens, et de vous démontrer, par l'usage de leurs voix, leurs expériences
comme Franco-Américains. En lisant la section sur ma méthodologie,
on va noter que j'ai juste commencé à comprendre. Je vous
invite à venir avec moi, et à découvrir la puissance
cachée de ces gens, et la passion qu'ils ont pour une identité
qui est en train de renaître.
MÉTHODOLOGIE
En faisant ma propre étude, j'ai découvert
qu'il existe plusieurs textes sur l'identité franco-américaine
Les preuves que j'ai trouvées font écho à celles qui
sont présentes dans les travaux de historiens comme Yves Roby qui
a fait un travail magistral, Les Franco-Américains de la Nouvelle-Angleterre
: Rêves et Réalités, et même une étudiante
de ma propre institution, Amy Rowe de Colby College. Elle a écrit
une thèse qui parle en partie de l'identité franco-américaine
Ma propre étude a évolué depuis
que je l'ai commencée. J'ai commencé avec quelques questions
qui continuent à me servir de guide, mais en octobre, j'ai assisté
à une réunion de quatre Franco-Américains. Assise
parmi mes camarades de classe et des Franco-américains qui venaient
de plusieurs régions du Maine, j'ai entendu les histoires, les pensées
de ces quatre Franco-Américains. J'ai découvert qu'il y aurait
plus dans mon étude que des informations livresques. J'ai réalisé
que cette étude n'est pas simplement une recherche d'informations
qui existent dans les livres. Bien sûr il y avait une période
où j'étais assise au bureau avec quinze livres devant moi,
mais les vraies preuves, celles que vous allez lire, se trouvent dans les
voix, dans les actions des Franco-Américains qui vivent aujourd'hui.
Mon étude suffit à répondre à ma question originale,
mais elle sert à faire quelque chose de plus. J'espère que
vous aurez, en lisant mon úuvre, une oeuvre de Franco-Américains,
une meilleure compréhension de quelques Franco-Américains,
et de la façon dont ces hommes et ces femmes pensent de leur propre
identité. Ceci dépasse l'église, l'école, etc.
La façon dont l'identité d'un groupe est-elle protégée,
et même créée, dépendent des expériences
de chaque individu. Pour quelques uns, leur l'identité est quelque
chose qu'ils veulent glorifier. Pour d'autres, leur identité franco-américaine
est quelque chose qu'ils veulent cacher. La seule chose que j'espère
que vous garderez de cette étude est l'idée que chaque Franco-Américaine
a sa propre expérience, sa propre perspective envers son identité.
J'ai juste commencé à obtenir le goût de ce sujet.
Je veux bien continuer cette étude pour répondre aux questions
que cette petite étude a posées.
Grégoire Chabot a expliqué la différence
entre l'acte de préserver et l'acte de créer. Préserver
implique un geste passif, au contraire de l'acte de créer quelque
chose, qui est plus actif. J'ai pris ses mots à cœur en choisissant
la façon dont je veux faire cette étude. Quoique je puisse
répondre à ma question après avoir lu des livres (une
action passive), je veux servir à créer, et c'est pour ça
que j'ai pris un comportement actif et j'ai décidé de faire
des interviews. J'ai dit qu'un de mes buts est de rendre à
ces Franco-Américains leur voix. Comme je ne peux pas représenter
un grand nombre de gens, j'espère que je peux créer une image
mentale et verbale de quelques-uns, et la passion qu'ils ont pour leur
identité.
Mon étude est divisée en trois parties.
Parce que le but de cette étude est de vous donner un goût
de l'identité franco-américaine à travers les voix
de ces gens, j'inclus seulement un petit peu de recherche. Dans la première
partie, on discute brièvement quelques institutions qui servent
à garder l'identité franco-américaine. Je continue
dans la deuxième et la troisième partie avec les histoires
des gens, leurs perspectives sur leur identité, et leurs villes
où il y avait une forte présence franco-américaine.
La deuxième partie parle de l'histoire de Jane Williams , une femme
élevée à Chisholm, Maine, mais qui habite aujourd'hui
à Farmington. Pour elle, l'identité est quelque chose qu'elle
vient de découvrir. Jusqu'à récemment, elle a caché
son identité parce que ses souvenirs provoquaient de la peine dans
son âme, elle n'a pas pu s'identifier comme franco-américaine.
De l'autre côté, la troisième partie de cette úuvre
sert à vous montrer la passion que les gens à Waterville
ont pour leur identité et leur effort pour être entendus.
Après la deuxième et troisième parties, nous visiterons
les villes de Chisholm et de Waterville, respectivement, pour vous donner
des images de ces villes, et la façon dont elles souffraient, et
donc la présence des Franco-américains, pendant les années.
Je termine par une conclusion qui parle de l'espoir que j'ai trouvé
pendant mon étude, et les questions qui restent sans réponse
jusque-là.
PRÎER, APPRENDRE ET PARLER : La façon
dont les institutions servaient à un groupe.
En lisant des livres qui parlent des Franco-Américains,
j'ai noté qu'il y a des institutions qui définissaient aux
Franco-Américains leur identité. Dans la discussion suivante,
on va noter que toutes ces institutions créent l'environnement où
l'on est accepté comme Franco-Américain. À l'église,
dans les écoles, il y a un échange d'idées qui existe
selon les gens qui y vont. Pour la plupart des Franco-Américains,
ces endroits jouaient un grand rôle dans leur vie.
À peu près de 40 % des gens qui vivent
dans le Maine ont des origines canadiennes. Même à Waterville,
la population inclus compte 50 % de Franco-Américains. Dans l'histoire,
l'église catholique avait une grande présence dans la vie
des Franco-Américains.
In New France it was the French King, the colonial governor,
and the Catholic clergy who held power and directed the colonial society.
After 1759, of these original three it was only the Catholic Church that
retained power . . .The church became a rallying point for the French,
as it was the only sphere of French leadership. . . The church clergy was
pleased because they were able to retain their influence and prestige and
the French people became staunchly tied to their religion as a source of
faith, protection and identity.
Dans quelques villes, il y avait plusieurs églises
à cause du besoin de servir deux groupes de la population : ceux
qui parlaient anglais, et ceux qui parlaient français. À
Waterville, en 1905 l'église du Sacré-cœur a été
construite sous l'ordre du diocèse de Portland. Dans le passé,
les deux groupes linguistiques assistaient à la messe où
le prêtre parlait leur langue, donc la population française
était séparée des Irlandais (qui assistaient à
la messe à l'église de Notre Dame.) Par conséquent,
on restait canadien-français idéologiquement. Aujourd'hui,
quoiqu'il y ait des Franco-Américains qui assistent toujours à
la messe, on va noter que l'église ne sert pas le même rôle
que par le passé. Il y avait des moments où les Franco-Américains
ont cherché l'aide de l'église mais elle ne les a pas aidés.
Là où il y a des églises,
il y a des écoles paroissiales. Ces écoles existent encore,
mais dans le passé elles étaient plus répandues. Souvent,
il y avait des écoles où l'on parlait français et
d'autres pour les gens qui parlaient anglais. Quelques fois, il y avait
des écoles comme Mt. Merici, par exemple, où l'on parlait
les deux langues. Donc, nous voyons encore un exemple où les Franco-Américains
ne sont pas « mélangés » avec les gens qui parlent
anglais. « Rather than incorporating these new immigrants into the
community, and accepting them as « normal » these people were
separated from the Yankees because of their lower class status, their language,
their traditions, and their religion. »
La langue d'un peuple est un aspect très
important de leur identité. Sans langue, on ne peut pas récréer
leur culture, parce qu'on manque une grande partie : la capacité
de dire les histoires. La perte de la langue française a commencé
quand les parents ont décidé que leurs enfants se porteraient
mieux s'ils étaient « moins français. » Aujourd'hui
on entend toujours le français, mais les gens qui le parlent essaient
de le cacher. Mémères, je vous écoute au supermarché
quand vous parlez français à voix basse avec vos amis. Ne
cachez pas votre identité ! Parlez fort !
Les églises, les écoles, et la langue
servaient de points d'ancrage « des petits Canadas » comme
celui qui se trouvait à Water street (on va en parler plus
tard.) Quoique les petits Canadas aient été établis
par les Franco-Américains, dans leur effort pour préserver
l'identité française et pour protéger les gens contre
l'américanisation, la séparation géographique qui
est venue avec les petits Canadas continue aujourd'hui, mais les effets
des petits Canadas ont disparus. Le monde des Franco-Américains
a changé, ce n'est plus un monde où leur identité
est claire. Comme Grégoire Chabot a écrit dans sa pièce
de théâtre, Un Jacques Cartier Errant, « Autrefois,
quand j'étais sur terre, tout paraissait si simple. Français-Anglais,
Catholique-Protestant, Bien-Mal. . . tout était à sa place.
Les choix semblaient faciles à faire, et on les faisait. Mais aujourd'hui.
. . Dites-moi, Monsieur, ne sentez vous aucune tristesse de voir disparaître
d'ici cette langue et cette culture ? » Comme Jane Williams
se sent, les Franco-Américains sont un peuple marginalisé
dans la société. Alors, je me tais et je vous présente
Jane.
JANE WILLIAMS : Femme forte et passionnée
C'était par hasard que j'ai fait la connaissance
de Jane Williams. Mais quelle chance j'ai eue de la faire ! Elle sert de
multiples fonctions dans mon oeuvre. D'abord, elle va vous raconter son
histoire et parler de son identité. Puis, je vais continuer avec
son rôle dans la société, et comment elle aide les
autres qui partagent son identité franco-américaine.
Commençons !
J'habite toujours à Franklin county, même
aujourd'hui j'habite à Farmington. J'ai passé mon enfance
à Chisholm, avec mes trois petits frères et súurs. Mes grands-parents
habitaient là et mon père travaillait dans l'usine (Otis
Paper Mill). Je suis de la quatrième génération de
ma famille, mais la première génération qui n'a pas
appris le français. Mes parents ont essayé d'américaniser
leurs enfants et donc, au lieu de parler français ils parlaient
un anglais « cassé. » Par conséquent, j'écris
à l'envers. C'était une époque où les gens
qui parlaient français étaient associés aux pauvres,
sans instruction. Quoique je ne parle pas français, ma famille le
parlait chez nous comme c'était la langue parlée de mes grands-parents.
Donc mon héritage était plutôt passé par les
traditions, et pas dans les histoires orales. Les repas jouaient
toujours un rôle énorme. Noël, par exemple, était
célébré avec un grand repas qui était suivi
par la messe à minuit. Le dimanche, après la messe, ma famille
faisait un pique-nique. Nous faisions beaucoup d'activités avec
toute la famille (mes grand-parents, mes tantes, mes oncles, etc.) parce
que nous habitions très près l'un de l'autre. Un souvenir
que je tiens encore aujourd'hui est celui de l'image que j'ai vue quand
je m'asseyais sur le porche chez ma grand-mère. La maison était
juste à côté de l'usine et je restais là, pendant
les après-midis, en train de regarder les gens. Quoique l'usine
oppressât les gens, pour moi, elle servait « to bring face
to the [Franco] community. These people worked their butts off to support
their family. »
Mais tous mes souvenirs ne me donnent pas un air
tranquille. Mon passé n'est pas quelque chose à qui me fait
sourire. J'ai eu honte de dire que j'étais Franco-Américaine
jusqu'à une date récente. Jusqu'à un certain niveau,
j'assistais aux cours dans l'école paroissiale. Là, les súurs
étaient souvent décourageantes comme elles me disaient que
j'étais stupide. Mes parents n'ont jamais questionné les
súurs, comme elles étaient des autorités. Les années
au lycée public était plus difficiles. « I felt vulnerable,
as if I was walking around with an image that said, « exploit me,
» despite my attempt to avoid appearing this way. I was treated differently
from the girls who had been in public school since day one. This was my
first interaction with discrimination as a Franco. » Alors, à
l'âge de 18 ans, j'ai rejeté mon héritage et j'ai caché
mes racines franco-américaines. « I knew I didn't want to
be French and I ripped myself away from the community. »
J'ai élevé mes enfants (trois filles, un
garçon) sans qu'ils aient eu leur connaissance de leurs racines.
C'était ma façon de les protéger. Mais récemment,
j'ai découvert que je ne pouvais pas cacher mon identité.
« By pretending I am Anglo is a mockery of who I am. » Ma communauté
me fait taire, « and history and cultural influence makes it acceptable
that I go unheard. We need to rediscover our history. Something happened
in this state. This state doesn't consist of just L.L Bean and pinecones.
» Je ne suis pas encore comme d'autres comme la famille Gilbert,
qui prononce leur nom avec un accent anglais, même si quelqu'un pose
la question si ces gens sont franco-américains. Ma découverte
a été provoquée par un cours que je suivais, «
leadership for change. » L'exploitation des Franco-Américains
est quelque chose que ce groupe permettait. Nous ne sommes pas forts, politiquement.
« Look at Rhéa, [Côté Robbins] she's been working
for many years on her study of Francos, and only recently was she invited,
for the first time, to Colby. But this is a step in the right direction.
It's about gaining power- or at least recognizing when powerful people
are taking advantage »
Jane est une femme forte. En répondant à
mon interview, Jane a partagé des histoires que je n'ai pas incluses
ici parce qu'elles sont personnelles. Mais elle a la capacité de
rester ouverte avec moi, en partageant des récits avec une étrangère.
Par ses actions, elle fait un effort pour ses frères et ses súurs
qui partagent son identité franco-américaine, mais qui, comme
Jane, ont peur de le dire. Grâce à Jane, ces gens seront mieux
compris, mieux entendus, et donc, mieux acceptés par la société.
Le challenge défi de gagner du pouvoir est
celui qu'on ne peut pas éviter en discutant la renaissance de l'identité
franco-américaine. Donc, le but est de retrouver cette identité
cachée. Mais la question qui reste est « comment » ?
La prochaine partie présente un nouveau groupe dans ma propre vie
: mes amis de « Bavarde, » un groupe qui se réunit le
samedi matin pour parler français et discuter de leur héritage
et de leurs histoires.
« BAVARDE » À WATERVILLE : Un Petit
Canada de notre époque
Le « Census » de 1990, nous a montré
que 14 % de la population à Waterville a dit « oui »
en répondant à la question « parlez-vous français
chez vous ? » Quoique l'identité d'un group puisse survivre
sans leur langue, la langue aide en préservant l'esprit, les traditions,
et la culture. « Bavarde » est un groupe composé des
gens qui parlent le français. Pour la plupart, ce sont des Franco-Américains
qui étaient élevés avec une présence de la
langue chez eux. Ces gens se réunissent le samedi matin pour discuter,
en français, et pour s'identifier avec leurs semblables. Quoique
« Bavarde » soit un petit club, son existence est très
importante ; il définit les Franco-Américains. En plus de
parler, ces gens font des activités culturelles. Le 17 novembre,
par exemple, je passais quelques heures dans « les plaines »
à Waterville où j'ai entendu la voix d'un groupe que je n'avais
jamais entendu depuis mon arrivée à Colby.
En découvrant ces gens, la question qui se pose
est pourquoi je ne savais rien de la grande présence des Franco-Américains
à Waterville ? La réponse se trouve dans un sujet que nous
avons déjà discuté : celui qui concerne le pouvoir.
Je vous invite à chercher le plan de Waterville et le regarder.
Quoique le plan ne puisse pas bien l'illustrer, la ville est « divisée
» par des collines. On dit que ces collines reflètent les
niveaux économiques des gens.
The farther away from the river people lived, the more
affluent they were. Thus those French-Canadians living on Summer Street
had ëmade it,' they had geographically reached the next hill level in town
and likely had jobs outside of the factories which placed them metaphorically
on another social hill above those French living in the plains below. According
to some informants, the five hill levels in Waterville that extended from
the shores of the Kennebec up to Mayflower Hill correspond with the levels
of wealth, affluence and social standing.
Peut-être cette distance invisible entre ces «
mondes » est encore là. Je me sens, depuis mon arrivée,
que Colby n'a pas fait un grand effort pour assimiler ses étudiants
dans la ville. C'est triste : il existe une culture que nous ne pouvons
pas comprendre sans aide de l'université ou les gens comme ceux
de « Bavarde. » J'ai eu la chance de faire la connaissance
de ces gens.
Je n'ai pas noté une grande différence
entre moi, une étudiante de Colby, et ces gens. Est-ce qu'il y en
a ? Quoique la société nous dise que nous sommes différents,
je suis tombée amoureuse de leur culture le jour où j'ai
visité ces Franco-Américains. Ce jour-là, j'ai voulu
avoir ma propre identité franco-américaine. En entendant
les histoires et les pensées des habitants, je peux bien imaginer
la vie dans le passé à Water Street, vraiment « un
petit Canada. » En voyant les photographies, imaginez-vous
la vie dans le passé. Aujourd'hui il ne reste que quelques magasins,
mais autrefois il existait une grande communauté vivante. Pendant
les années soixante, « Urban Renewal » a changé
la ville dans quelques façons, mais pour ceux qui habitaient dans
les plaines, leur partie de la ville a été détruite.
Ce quartier de Waterville n'a jamais été récréé.
Une femme a dit, « Our identity was physically ripped out of our
community under the disguise of ëUrban Renewal' » Ce jour-là
j'ai bien appris l'histoire de Water Street et la vie qui existait là.
Après notre promenade, j'ai été
invitée à manger avec d'autres. Chez une chère amie
de Rhéa Côté Robbins, nous avons mangé un repas
comme les femmes faisaient chaque dimanche. Cet après-midi-là,
j'ai bien mangé. Mais de plus, je me sentais à l'aise
avec ces gens comme si j'étais un membre de leur famille. Je me
sentais comme personnage dans l'histoire de John Difrense, Telling Stories
in Mémère's Kitchen.
Every Sunday afternoon throughout my childhood, through
the fifties and into the sixties, our considerably extended family met
for dinner at Mémère's house on Fairmont Ave. in Worcester
. . . And every Sunday Mémère cooked brown potatoes and pot
roast and boiled the life out of some string beans. And every Sunday I
licked the beater that whipped the cream for the chocolate pie. . . and
when the meal was over and the dishes were cleared . . .we all sat around
the kitchen and talked . . .
« Bavarde » donne aux Franco-Américains,
(et même les gens comme moi qui veulent apprendre) une identité,
un endroit où les gens vont pour comprendre eux-mêmes et questionner
leur histoire. Jane Williams, qui a souffert avant d'accepter sa propre
identité, a besoin de club comme « Bavarde. »
Si on discute, on n'a pas de honte à dire qu'on est Franco-Américain.
Il y a vraiment une renaissance de l'identité franco-américaine
à Waterville, et quoique cette renaissance soit peu connue, il y
a un effort pour être entendus.
CONCLUSION
Mon titre vient d'un essai écrit par Clarence
J. d'Entremont, La survivance acadienne en Nouvelle-Angleterre. Dans
son travail, l'auteur a dit « Those who remain attached to their
country of origin, its traditions, its customs, and especially its history
are quite numerous. One must not say, ëLoin des yeux, loin du cœur,' for
many of these Acadians are more truly Acadian than many of their counterparts
in today's Acadia. » Sa pensée reflète bien les
gens que nous avons rencontrés dans cette oeuvre. Ces gens sont
là. Ils existent, et ils sont passionnés par leur effort
de faire connaissance avec leur identité.
Tristement, mon étude a juste commencé
comme il y a beaucoup de questions qui demeurent en suspens. Mais vraiment,
il faut continuer à penser. Pensez à ces gens, et à
leur identité. Vraiment, pensez à la vôtre. Il faut
que nous nous comprenions avant que nous puissions comprendre les autres.
C'est une question à laquelle il est difficile de répondre,
n'est-ce pas ? Sans les institutions comme l'église, les écoles
paroissiales, etc. qui, dans le passé, aidaient à nous définir,
nous tournons vers les autres pour nous aider avec cette difficulté.
Comment est-ce que nous allons voir les identités de « l'autre
» quand nous vivons dans un monde où « l'Un »
est même difficile à définir ?
J'ai confiance dans la renaissance de l'identité
de ces gens. Ils sont un peuple fort. Ils travaillaient dans les usines,
et quoiqu'ils aient souffert, ils n'ont pas cédé aux difficultés.
Nous avons vu la force de Jane en racontant ses histoires, même avec
quelqu'un qu'elle ne connaît pas. Elle l'a fait pour son peuple,
pour son identité, une identité qui vient avec la souffrance.
Les gens qui se réunissent à Waterville pour « bavarder
» chaque samedi sont aussi fervents sur la question de leur identité.
Ils veulent bien raconter leurs histoires, et je veux bien les entendre.
J'espère que notre société ouvre ses oreilles. Voilà
les gens riches, ceux qui peuvent nous donner quelque chose d'eux-mêmes
: leur culture, leur passion, leurs histoires. Ne les cachez pas !
À ce moment-là, peut-être les Franco-Américains
sont loin des yeux. Mais comme c'est un peuple fort, le désir est
là. Ils revivront ! Ils seront, un jour, plus près de nos
cœurs !
CHISHOLM : Une ville pas encore abandonnée
1) Dans le passé cette école était
l'école paroissiale. Elle se trouve à côté de
l'usine.
2) Je pense que cette photographie a été
prise en 1922. C'était l'école pour les gens qui parlait
anglais
3) Aujourd'hui, le même bâtiment a été
transformé en appartements.
4) Une vue de la ville. Cette photographie a été
prise en haut de la colline. La colline à l'autre côté
(avec les arbres) est celle où le KKK a brûlé les croix.
5) La grande usine de Jay, Maine : International Paper.
Selon Jane Williams, la construction de cette usine a changé les
valeurs de la communauté. Le but est devenu, « gagner assez
d'argent pour acheter un plus grand camion que les autres. »
6) La plupart des commerces en ville sont des bars. Les
familles n'ont pas beaucoup de choix en choisissant des activités
à faire ensemble. En réalisant la souffrance de la vie familiale
dans sa ville natale, Jane Williams a gagné l'argent pour construire
un parc avec une cour de récréation où les enfants
jouent.
7) Par hasard, le parc se trouve en face de la maison
où Jane était élevée et où ses parents
habitent toujours. Selon Jane, sa vie a fait un cercle complet.
« LES PLAINES » : Détruites pas «
Urban Renewal»
1 et 2) « Two Cent Bridge » qu'on traversait
pour aller à l'usine pour faire son travail. Chaque fois qu'on l'a
traversé, on payait.
3) Dans le deuxième étage de ce bâtiment
était l'église de Notre Dame, l'école paroissiale
se trouvait sous l'église. Les filles et les garçons assistaient
aux classes 1-4 ensemble, mais au début de la cinquième année
les filles restaient et les garçons assistaient à l'école
St. Joseph. Les cours étaient tous en français et donnés
par les súurs.
4) Dans cette photographie de Paris Street, on voit une
maison avec un parc. Le parc est l'endroit où se trouvait Grove
Street School autrefois.
5) Quelqu'un m'a dit que sous ce bâtiment, vers
1945, la Boulangerie Robitaille existait. Par coïncidence, Robitaille
est le nom de mon grand-père maternel. Je suis encore en train de
chercher des informations. . .
6) Si on regarde bien cette photographie, on note que
cette petite maison était une salon de beauté. En plus, on
y vendait de la glace.
7) « South End Arena » Pendant hiver, ce
lotissement était une patinoire. D'après un monsieur, pendant
les années cinquante, il y avait de grands matchs : South End contre
Colby Freshmen, North End contre South End, etc. Avec ces compétitions,
la réputation et l'identité d'un garçon était
bien créée.
8) Cette maison est où la première messe
a été dite à Waterville.
9) Aujourd'hui ce bâtiment est abandonné,
mais dans le passé il y avait des commerces comme une fleuriste,
par exemple, qui existait jusqu'aux années 70.
10) Dans le passé : « Engine3, » une
caserne de pompiers.
11) La vue de Summer Street. Une femme qui habite toujours
dans les plaines a dit, « If you lived up on Summer Street you were
considered to have ëmade it.' »
12) Dick's Variety, là, où, « a bunch
of Water Street originals » se réunissent chaque matin pour
bavarder et boire du café avec Sal, la serveuse qui habite
dans la maison en face de son restaurant.
BIBLIOGRAPHIE
Les Livres
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England. Hanover, NH : University of New England, 1986.
Chabot, Grégoire. Un Jacques Cartier errant. 1976.
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1933. Bedford, NH : National Materials Development for the Center for French,
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MA : Institut français, Assumption College, 1996.
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Perspectives Nationales et Représentations Symboliques. Montréal
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: Rêves et Réalités. Sillery : Septentrion, 2000.
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of Anthropology, Colby College, 1999.
Les Interviews
Father Phil Tracy, 8 novembre, 2001
« Jane Williams, » 16 novembre 2001
« Bavarde » 20, 27 octobre, 17 novembre, 2001
Un tour de Water Street avec des membres de la communauté,
17 novembre, 2001
Un tour de Chisholm avec Jane Williams, 29 novembre, 2001
Katie Lazdowski is
originally from Acton, Massachusetts. She is in her final year at Colby
College and in May she will receive her B.A. in French Studies and in Sociology.
She has studied abroad in Dijon, France, as well as in Cameroun. Her desire
to learn the French language results from having French roots and growing
up with ethnical influences. Katie has no set plans for the future at this
point, but wishes to be in a setting where she may continue to use her
French. Outside of her studies she is a varsity rower on the Colby Crew
team, and is the president of the Colby French Club.
City
of Waterville, Bicentennial Celebration
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